Notre santé psychologique après six mois de pandémie

2020-09-25

Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue

J’avais écrit au mois d’avril dernier au sujet de notre santé psychologique à l’aube de la pandémie. Je trouvais alors essentiel d’exprimer les difficultés et les souffrances psychologiques et sociales qui nous attendaient, chacun à notre façon. Des épreuves aussi intenses que celles que nous vivons troublent, affectent et marquent.

Dans les derniers mois, plusieurs d’entre nous ont vécu une quantité importante d’anxiété; d’autres ont manifesté des symptômes d’un tableau dépressif; des couples se sont séparés; des parents se sont sentis inadéquats envers leur enfant; des enfants ont subi les contrecoups du débordement parental; d’autres encore ont perdu leur emploi et ont dû jongler amèrement avec le stress des pertes financières. La liste pourrait s’allonger autant qu’il y a de gens qui liront ces lignes.

L’été a pu donner une pause. On pouvait être un peu plus loin des préoccupations. La rentrée a maintenant eu lieu. Le travail a repris. On a tenté d’y faire face du mieux qu’on le pouvait. Et maintenant?

Et maintenant, eh bien ça se poursuit. Les symptômes développés ne se sont pas résorbés magiquement à l’approche de l’automne et les conflits ne sont pas nécessairement réglés. On peut même s’attendre à qu’ils soient plus présents dans le courant des prochains mois. Maintenant on connaît mieux ce que c’est de faire face à une pandémie, ce que c’est que de vivre confiné et on a saisi la souffrance d’être privé de réel contact humain. On sait qu’on ne veut pas revivre cet état, mais on anticipe le spectre des potentielles mesures de confinement et de distanciation. C’est du connu dont on ne veut pas. La suite, quant à elle, nous est inconnue.

La détresse psychologique est bien réelle. Et insidieuse par moment. Enfouie parfois au fond de soi et aujourd’hui cachée derrière le masque, la détresse gruge inévitablement et laisse des marques.

L’être humain a une extraordinaire capacité à s’adapter, mais encore faut-il se donner le temps de passer au travers des épreuves, prendre conscience de ce qu’on vit au passage, pour tenter de s’y ajuster.

J’écris ces mots aujourd’hui pour que chacun d’entre nous prenne une pause dans ce chaos actuel. Une pause pour penser, se penser.

Pour se demander comment on va. Où on en est.

Pour prendre le temps d’identifier ce qui est souffrant en nous.

Pour prendre le temps de mettre en mots ce qu’on a vécu dans le courant des derniers mois.

Pour parler à ses proches. Se raconter. Écrire.

Pour ne pas accumuler en soi. Ce qui ne s’exprime pas s’accumule et pèse, et continuera de peser dans les mois à venir.

Pour prendre le temps de ralentir son rythme. Trouver un rythme qui nous rend disponible pour faire face aux aléas de l’inconnu qui nous attend.

Pour retirer les activités qui nous empêchent de souffler et qui nous mettent à risque de surcharge et de débordement.

Pour prioriser ce qui compte vraiment pour nous, ce qui nous nourrit.

Prendre le temps de retrouver un peu de son énergie.

Pour tenter de faire un premier pas, au moins un tout petit pas, pour prendre action pour s’ajuster.

Une pause pour être indulgent envers soi-même et envers les autres. Comprendre que nos émotions sont mises à rude épreuve et que nous utilisons beaucoup de notre énergie pour nous adapter.

Nous sommes encore en adaptation.

En terminant de lire ces lignes, prenez le temps de vous demander comment vous vous sentez. Planifiez-vous une rencontre avec un proche, téléphonez à un ami ou à tout le moins prenez quelques minutes pour lui écrire. Restez en contact. Nous avons tous besoin de soutien et de chaleur humaine.

Prenez ensuite un instant pour remettre en question une activité/obligation qui mine votre bien-être ou qui gruge de votre énergie. Que pouvez-vous éliminer dès maintenait pour alléger votre horaire? Prenez action dès maintenant!

Dre Geneviève, psychologue

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